Opinions diversement congrues de Melchior Griset-L

Monday, November 19, 2007

Dès lors, que faire ?


Dès lors, que faire ? Trois attitudes sont concevables, dont deux sont des solutions de facilité, qui n’exigent pas l’effort théorique de dissocier l’économie de marché et le capitalisme.

Une première attitude est le reniement des idéaux du socialisme et le ralliement au capitalisme. S’étant, à juste titre, convaincu que « le socialisme, ça ne marche pas » (VGE), on abandonne la perspective de la transformation sociale, et on se résigne au système capitaliste. Puisque la voie de la justice sociale telle qu’on la percevait est coupée, il n’y aura donc pas de justice sociale, on fait une croix dessus, on se replie sur le ralliement à la droite.

Une deuxième: l’obstination. Le temps des cerises reviendra, tout ça n’empêche pas Nicolas qu’la Commune n’est pas morte. L’Histoire nous impose une traversée du désert, mais la révolution socialiste telle que prévue au XIXème siècle reprendra tôt ou tard son cours irrésistible. (Je passe sur les deux principales variantes en France, l’une guévaro-trotskiste, l’autre anarcho-spontanéiste).

Il y a un autre chemin, qui suppose de repartir de la critique de la société capitaliste actuelle, de l’observation de ses tendances réelles, et de retrouver le fil du progrès. Pour ce faire, j’avance qu’il faut découpler la notion d’économie de marché et celle de capitalisme impérialiste.

(à suivre)

Sunday, November 18, 2007

Poursuite du propos.




(résumé: le Progrès s’étant fourvoyé quelque part entre 1848 et 1948, Melchior prend par la pensée et par le bout son bâton de pèlerin et se propose de revenir en arrière pour voir à quel endroit on a quitté la route).

Les « Lumières » et le cycle des révolutions dites « bourgeoises » ont ouvert la voie au développement et de l’économie de marché et du « capitalisme », les deux notions étant restées commodément confondues aussi bien dans l’apologie ultralibérale que dans la critique marxiste.
Marx et ses successeurs observent que la libre-concurrence, l’expansion, l‘amélioration des conditions de vie, la libération des peuples, s’auto-annihilent et se transforment en leur contraire: la concentration et les monopoles, les crises, la paupérisation, l’impérialisme; et ils en tirent la conclusion que le capitalisme (et le marché avec lui) va de lui-même à sa perte, et que les masses prolétariennes, s’emparant (le plus tôt sera le mieux) du pouvoir d’Etat, instaureront le socialisme, et dans la foulée le communisme, fin de l’Histoire.

Cette perspective de révolution dite « socialiste » était fausse, et pour deux raisons.

La première est que l’effondrement spontané du système capitaliste n’a pas eu lieu et n’aura pas lieu: il est capable de se régénérer indéfiniment.

La deuxième est que le mouvement ouvrier est durablement incapable de substituer à la vieille société une nouvelle, viable, qui soit fondée sur un autre type d’organisation économique que l’économie de marché.

On a vu que les masses, ne pouvant exercer leur pouvoir directement, le confient à un parti, qui le confie à son comité central, qui le confie au secrétaire général, qui ne le confie plus jamais à personne, et que la transformation en son contraire de la libération tant attendue, est encore plus rapide, voire foudroyante, en régime dit « socialiste » qu’en société libérale. Il ne peut guère en être autrement: si on fonde la répartition de la production et la division du travail sur autre chose que la confrontation de l’offre (rentable) et de la demande (solvable) des biens et services, il ne faut pas s’étonner de se retrouver sous l’emprise de la loi du plus fort, c’est-à-dire de la dictature d’une nomenklatura. Voir les livres d’Orwell…

Dès lors, que faire ?
(oh l'insoutenable suspense; à suivre)

Friday, November 16, 2007

Des avantages de la démocratie dite bourgeoise.

Quelque chose me dit que malgré tous ses défauts la démocratie libérale pluraliste est quand même avantageuse pour le "mouvement ouvrier". Lu dans Le Monde (série récente de Jan Krause sur la révolution bolchevique):

"Au début de 1920, on lit dans la Pravda que "la meilleure place pour un gréviste, ce moustique jaune et nuisible, est le camp de concentration". Lénine est plus radical, qui exige "des exécutions massives" pour briser une grève des cheminots. La militarisation de l'économie, cheval de bataille de Trotski, rend toute grève assimilable à une trahison. On en arrive à des extrémités à peine imaginables, comme l'exécution d'otages - des ouvriers - si les quotas de production fixés à l'usine n'ont pas été remplis."

Message personnel à JKG: bout de réponse en comm' au billet précédent.
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Saturday, November 03, 2007

Résumons-nous.

Les Lumières du XVIIIème siècle occidental ont promu, de façon inséparable, les libertés fondamentales et l'économie de marché.
De par keurs conditions d'émergence, ces acquis étaient très loin d'avoir d'emblée une portée universelle: c'est leur principale limite. Elles concernaient d'abord les propriétaires, mâles, blancs; en étaient exclus avant tout les esclaves et les "Indiens d'Amérique", mais aussi les femmes, et les domestiques...
Le mouvement ouvrier et les communistes du XIXème siècle ont fait la critique de ces acquis, en ont souligné les limites (mais aussi salué les apports):
- d'une part l'idéal affiché n'est pas réalisé pour tous (où sont l'égalité et la fraternité ? où est l'universalité ?);
- d'autre part le cours même de l'économie de marché pilotée par des propriétaires capitalistes conduit à l'autodestruction des principes: la concentration fait que la liberté d'entreprendre et la concurrence sont confisquées entre les mains d'une classe sociale de plus en plus réduite.
La perspective raisonnable était dès lors de pousser jusqu'au bout la logique du capitalisme lui-même: puisqu'il s'autodétruit, donnons le coup d'épaule fatal: révolution socialiste, expropriation des possédants, dictature du prolétariat, plan central d'Etat... Allons, du balai, que l'avenir radieux se mette en place.
Si nous considérons les choses avec notre expérience du passé, et si nous nous retournons vers l'événement dont nous allons fêter le 90 ème anniversaire ces jours-ci, nous .devons reconnaître que la critique était juste, mais la perspective fausse.
(à suivre)