Opinions diversement congrues de Melchior Griset-L

Tuesday, October 30, 2007

Où les choses coincent.

Marx et Engels ont magistralement montré le rôle progressiste et civilisateur de l'économie de marché (qu'ils assimilent au capitalisme), tout en indiquant que ce rôle positif cesserait quand ladite économie, poussant jusqu'au bout ses virtualités et les épuisant, se transformerait en son contraire et mourrait de ses propres contradictions. elle serait alors relayée par le socialisme scientifique, fondé sur sa négation et son dépassement.

En quelques dizaines d'années tout le monde se réclama du socialisme: Victor Hugo, Jaurès, et même le co-inventeur de l'économie néo-classique chère aux ultralibéraux, Léon Walras (le théoricien de l' "équilibre général" des marchés).

Après les analyse d'Hilferding, Rosa Luxembourg et Lénine, il devint évident pour l'ensemble du mouvement ouvrier organisé que l'économie de marché avait fait son temps, rempli sa misson historique: elle disparaîtrait avec le pouvoir des capitalistes financiers et impérialistes, avantageusement remplacée par le Plan d'Etat actionné par la dictature du prolétariat.

Nul besoin dès lors de distinguer l'économie de marché du capitalisme lancé à toute vapeur vers le précipice: l'un entraîne l'autre "dans les poubelles de l'histoire", et jetons gaiement "le bébé avac l'eau du bain". La messe est dite.

Un peu d'eau du bain a passé sous les ponts de la vieille Volga, qui se jette toujours dans la mer Caspienne (Maïakovski) ou ce qu'il en reste. Et derechef "ein Gespenst geht um in Europa", un spectre hante l'Europe, et c'est celui, non du communisme, mais du social-libéralisme. Caramba, encore raté, vieille taupe !
(à suivre)

Sunday, October 28, 2007

Suite des explications ô combien laborieuses de Mossieu Melchior.

Qu'en est-il maintenant du capitalisme ?
On n'est nullement obligé d'accepter, mais on peut poser d'abord, la définition courante, issue de l'analyse marxiste: mode de production fondé sur l'appropriation privée des moyens de production et la liberté d'entreprendre.
Cette définition présente le double défaut: (1) d'être trop restrictive et d'occulter le capitalisme d'Etat, sans appropriation privée et sans liberté d'entreprendre, qui a usurpé au XXième siècle le nom de socialisme, (2) de ne pas tenir compte de l'évolution historique qui a vu du fait de la concentration du capital les choses se transformer en leur contraire (comme quoi la dialectique n'est pas morte avec la vulgate marxiste...), a vu les capitaux confisqués, et la liberté d'entreprendre aussi, par les "monopoleurs" (terme impropre mais d'emploi commode): les maîtres du capital financier.
De sorte que le monde industrialisé crève, non de la liberté économique, mais de la suppression de cette liberté.
On peut soutenir (et je ne me prive pas de le faire) que le dérèglement de la société moderne n'est pas dû à l'économie de marché mais au fait que celle-ci n'est pas aux mains des acteurs de la vie économique, mais confisquée par une classe très réduite qui aliène et fausse la concurrence, sauf sur le marché international des capitaux (et encore...).
Tant que le mouvement ouvrier adhérait à l'utopie "socialiste", peu importait de faire cette analyse, rendue d'avance caduque par la révolution imminente, forcément imminente. C'est l'idée de la "concurrence libre et non faussée" qui paraissait utopique, voire réactionnaire. Maintenant que l'on sait que l'économie administrée n'est pas la solution, il faut reprendre l'analyse plus posément.
(à suivre)

Thursday, October 25, 2007

Poursuivons.

Je ne me dis pas antilibéral puisque je suis partisan d'une forme de libéralisme...
Il y a trois moyens connus d'organiser l'économie (entendue comme la production et la répartition des richesses et l'accumulation des moyens de production). On ne les retrouve jamais à l'état pur dans un système réellement existant, mais il y en a toujours un qui domine. Ce sont:
(1) La loi du plus fort, appuyée sur la tradition (y compris la domination du capital financier, mais n'anticipons pas...). Par exemple, les rapports sociaux de l'esclavage, du féodalisme, les maffias...;
(2) Les processus de marché - fondés sur la confrontation des offres rentables et des demandes solvables, faisant intervenir le calcul économique, et qui présupposent la liberté d'entreprendre, de circuler, de contracter (choses qui sont mises à mal par le capitalisme financier, mais n'anticipons pas...);
(3) le plan central, l'économie directement administrée par le pouvoir politique en fonction d'impératifs politiques. Cf feue l'URSS, Cuba, la Corée du Nord... La Chine est un cas très particulier, beaucoup moins aberrant qu'il n'y paraît.
Et les utopies autogestionnaires ? Les producteurs librement associés décidant fraternellement en Assemblée générale de l'allocation des ressources ? Il leur faudra bien prendre leurs décisions suivant des critères, et ce sera soit suivant un rapport de forces de fait, soit en fonction de la confrontation des valeurs d'échange et d'usage, soit en application de critères politiques, ce qui nous ramène aux trois moyens précédents.
Les partisans du marché couvrent un spectre très large:
* certains ultras vont jusqu'à préconiser la privatisation de l'Etat,
* une majorité voit les choses de façon moins extrémiste mais toujours du point de vue des propriétaires de capitaux,
(NB: Sarko tire vers l'ultralibéralisme, mais n'est pas ultralibéral)
* enfin une part croissante des militants issus du mouvement ouvrier reconnaissent (en France c'est souvent de façon honteuse ou réticente) la supériorité du système d'économie de marché au moins pour produire les richesse et même, quand ce système est régulé et aménagé, pour les répartir, tout en ménageant la biosphère.
Je suis de ceux qui pensent qu'il faut le dire tout haut.
Suis-je pour autant rallié au capitalisme ? Bien sûr que non. Le "social-libéralisme" n'est pas favorable à l'emprise des capitalistes sur la société.
Mais les brav'gens n'aiment pas que...
(à suivre)
PS. Ne pas utiliser l'adresse de courriel de la boîte à comm: d'abord ce n'est pas la mienne et ensuite elle est inexacte. (blogger m'étonnera toujours).

Wednesday, October 24, 2007

Môssieu Melchior est perplexe (on le serait à moins)

(petit feuilleton d'automne)
Pressé par mon nombreux public, dont Névrosia s'est faite le porte parole avec une ironie mordante, de reprendre "la plume" de temps en temps, je m'exécute, pour faire part de ma perplexité.
J'ai un peu consulté, pendant mon long silence ici, quelques blogs "antilibéraux". On y trouve des choses stimulantes (et des litanies monomaniaques, comme partout). Je suis tombé hier sur le "DEL des NRV", et là, je vois que certains antilibéraux reprochent à d'autres - à tort ou à raison, le problème n'est pas là - de ne pas être anticapitalistes.
Il y aurait donc des antilibéraux non anticapitalistes et des antilibéraux anticapitalistes (les seuls conséquents, selon Ajamais, un contributeur du DEL en question, qui semble se réclamer du néo-guévarisme besancenotien - étiquette que j'attribue sans garantie, car par moments on s'y perd). De même qu'il y a des Papous papas et des Papous pas papas.
Mon problème: je me définis moi-même (qui suis à leurs yeux un affreux droitier ségolénard), comme anticapitaliste mais pas antilibéral. Suis-je donc incurablement inconséquent ?
Bien sûr il y a là-dessous une question de vocabulaire à éclaircir. J'essaierai d'y revenir bientôt. Dans un mois, dans un an ?
(à suivre)